Le gouvernement allemand a annoncé « un changement de cap » et depuis, les dépenses d’armement augmentent à des niveaux alarmants. Le ministre fédéral de la Santé, Lauterbach, a également déclaré que ce changement de cap touchera aussi le système de santé. Il a annoncé à cet effet une loi sur la « sécurité sanitaire ».
Le contenu exact de cette loi n’est pas encore connu. Mais il s’agit de soumettre les hôpitaux à cette politique de guerre et de les intégrer à cette stratégie militaire agressive.
Dans le cadre actuel de la fermeture d’établissements hospitaliers, il faut se demander qui va déterminer quels hôpitaux seront encore nécessaires ? Qui ? En dehors des investisseurs financiers, l’armée allemande, l’OTAN ou même l’industrie d’armement ?
Le système hospitalier allemand est au bord du gouffre. Les soi-disant réformes des dernières décennies ont détruit les hôpitaux pour les livrer à un marché tourné vers le profit.
Le manque de personnel soignant et de thérapeutes, la pénurie de médecins, la réduction du nombre de lits, les fermetures, l’insolvabilité d’hôpitaux, un système de forfaits par cas déterminé par la recherche du profit et qui n’a toujours pas été aboli, amènent à prodiguer à la population des soins de base insuffisants, surtout dans les campagnes.
L’armée allemande propose déjà des scénarios sur ce à quoi les hôpitaux publics doivent s’adapter.
Il faut, dans un premier temps, mettre à disposition les structures nécessaires pour assurer l’accueil d’environ 100 000 soldats blessés. Celles-ci ne seraient donc plus disponibles pour les autres patients.
Le personnel hospitalier deviendrait un personnel-bis de la Bundeswehr.
En tant que personnels d’hôpitaux publics, nous nous y opposons catégoriquement !
La « sécurité sanitaire » implique également la restriction des droits personnels et démocratiques.
Cela commencera déjà avant la guerre et inclura des exercices « d’urgence ».
L’orientation vers un système de santé soumis aux dépenses de guerre anéantit tous les efforts visant à garantir les services de santé accessibles à tous. La soumission aux dépenses de guerre, c’est le contraire tout simplement de la défense de l’intérêt général.
Cette gigantesque politique de réarmement touche fortement tous les secteurs et détourne les fonds nécessaires au profit du budget militaire. Les économies réalisées se font au détriment du domaine social, de l’éducation, de la culture, des infrastructures et du logement.
Le budget de la santé a déjà été réduit d’un tiers (!) cette année.
Début août, le gouvernement fédéral a décidé de réduire la protection sociale de base pour les demandeurs d’emplois de 4,7 milliards d’euros. Et pendant ce temps-là, les actionnaires des entreprises d’armement se gavent.
La guerre en Ukraine et le projet de l’OTAN de déployer sur le sol allemand des missiles hypersoniques capables de transporter des armes nucléaires rendent une guerre nucléaire plus envisageable maintenant qu’il y a quelques années.
En cas de guerre nucléaire, il n’y aura plus de soins médicaux, ni pour les soldats, ni pour les civils.
Nous ne voyons qu’un seul moyen de résoudre les conflits de ce monde : négocier pour établir la paix. Cela ne marche pas ? C’est ce que prétendent les gouvernements qui défendent une politique de réarmement et développent des scénarios de guerre.
Nous ne nous laissons pas intimider ! C’est possible ! Il n’y a pas de sécurité en Europe sans désarmement et sans paix. Nous, syndicalistes, ne voulons pas d’hôpitaux soumis à cette politique de guerre – au lieu d’investir des milliards pour l’armement, nous avons besoin de ces milliards pour assurer le fonctionnement de services sociaux d’intérêt général publics, de qualité et qui ne soient pas orientés vers le profit.