Discours de Harri Grünberg (comité de direction Aufstehen, Was Tun ?!, lors de la conférence européenne du 2 novembre 2024

Chères amies, chers amis,

Nous nous retrouvons aujourd’hui à cette conférence contre la guerre pour discuter de l’aggravation de la situation de guerre en Europe et au Moyen-Orient. Toutes les grandes puissances impérialistes ont déclaré qu’elles se préparaient à une grande guerre avec la Russie et la Chine, indépendamment de l’issue de la guerre actuelle en Ukraine. L’Allemagne fait partie de ceux qui sont à la pointe des préparatifs de guerre contre la Russie et la Chine. Après plusieurs décennies pendant lesquelles l’impérialisme d’après-guerre se vendait comme puissance de paix, il se réarme à nouveau pour la guerre, voilà le centre du changement d’époque du chancelier Scholz.

Mais nous voulons aussi débattre ici de la manière dont nous pouvons contribuer à la construction d’un vaste mouvement de masse contre la guerre et la guerre sociale, afin de mettre fin aux guerres sanglantes en Ukraine et en Palestine, au Liban. En Europe, la lassitude et la résistance à la guerre augmentent, les gens ne veulent pas de la guerre.

Il s’agit de stopper la course à la guerre des puissances impérialistes occidentales qui vont vers une guerre mondiale. Pour cela, il nous faut des partenaires dans les syndicats mais aussi des partis politiques qui s’opposent à la guerre. Nous avons besoin des masses dans la rue, mais nous n’y sommes pas encore. Nous devons, en toute clarté, avertir du danger d’une nouvelle guerre mondiale déchainée par l’impérialisme. Les préparatifs de guerre vont de pair avec une attaque sans précédent contre l’état social et les libertés politiques. Nous disons clairement que la guerre et les préparatifs de guerre font table rase de l’état social. Tous les acquis sociaux et démocratiques de la classe ouvrière sont en jeu. Dans de nombreux pays d’Europe nous assistons déjà à la restriction des libertés démocratiques et l’augmentation de la répression. Avec des lois, avec le renforcement de l’appareil répressif, ils veulent réprimer les manifestations contre la guerre et cela pas seulement en Allemagne.

Nous pouvons aider et participer à l’émergence d’un mouvement puissant pour la paix et contre la guerre.

A coté d’un mouvement de masse contre la guerre, ce sont aussi les directions politiques qui ont un rôle central. Nous devons nous atteler aussi bien à la question du manque d’une direction politique et de sa construction comme de la construction d’un mouvement anti-guerre de masse. La question de la direction politique reste pour l’humanité d’une importance centrale. Une telle direction doit lier, finalement, le combat contre la guerre impérialiste et la guerre sociale à la question du capitalisme. C’est la grande crise du capitalisme. Aujourd’hui sous forme de déclin, d’épuisement du modèle néolibéral mondialisé qui mène à la guerre. Dans le cas de l’Allemagne, la phase d’un développement stable sur la base de matières premières bon marché livrées par la Russie est terminée. Mais l’impérialisme allemand a besoin des matières premières de Russie comme de l’air pour respirer. L’agressivité récente de l’impérialisme allemand s’explique par le fait qu’il est prêt à mener la guerre pour les matières premières de la Russie. Ce que Jean Jaurès a dit à la veille de la Première guerre mondiale reste valable : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »

La question de la direction se pose de manière dramatique parce nous sommes aujourd’hui confrontés au fait que les partis sociaux-démocrates et les syndicats qu’ils contrôlent ont une fois de plus, comme en 1914, basculé dans le camp de la guerre, en se rangeant du côté de leur propre impérialisme, aujourd’hui élargi par leur vassalité vis-à-vis des Etats-Unis. Mais il en va de même pour de nombreux anciens partis de gauche qui se sont positionnés à gauche de la social-démocratie. Nombreux d’entre eux, comme la gauche scandinave, sont passés dans le camp de l’OTAN ou comme le parti de gauche allemand, qui est en train de prendre le même chemin. Lors de son dernier congrès en octobre 2024 ce parti a pris des résolutions qui vont vers une acceptation de l’OTAN.

Le parti de gauche en Allemagne n’a pas fait de résolution pour un cessez-le feu immédiat et inconditionnel, ni exigé la fin de la guerre économique sous forme de sanctions qui mène à une désindustrialisation de l’Europe, en particulier de l’Allemagne. Des millions d’emplois sont menacés par la guerre économique de l’UE, de l’OTAN contre la Russie. Le parti de gauche en Allemagne affirme qu’un cessez-le-feu a pour condition que les forces russes se retirent d’Ukraine. C’est exactement le récit de l’OTAN qui dit que la guerre se terminera rapidement si les Russes se retirent d’Ukraine. Mais cela n’est pas réaliste et ainsi la tueries peuvent continuer. Car une chose est claire aujourd’hui, l’OTAN veut aller jusqu’à l’escalade d’une guerre mondiale. C’est pourquoi il nous faut un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Ensuite, tout doit être négocié. Y compris la question territoriale et le droit à l’autodétermination des Ukrainiens et des Russes. Une résolution du parlement européen demande une attaque massive jusque dans les profondeurs du territoire russe. Des partis de la gauche européenne ont approuvé cette résolution. Y compris une représentante du parti de gauche allemand (Die Linke) a voté pour cette résolution. L’appareil de Die Linke ne l’a pas critiquée. Ceci est une déclaration de faillite. Et l’aile prétendument le plus « à gauche » du parti de gauche, la gauche anticapitaliste, fournit un modèle théorique pour la guerre, car l’impérialisme russe serait le plus agressif.

Le parti de gauche n’a pas non plus pris une position claire face à la guerre d’extermination menée par Israël contre les Palestiniens. L’Allemagne est à la pointe des deux guerres en Ukraine et au Proche-Orient. En tant que deuxième fournisseur d’armes et financier de Netanyahou, derrière le gouvernement américain, le chancelier allemand Scholz se rend responsable du génocide commis par Israël contre le peuple palestinien et de l’extension de la guerre meurtrière au Proche-Orient. Ceux qui attendent du parti de gauche une position claire en faveur de la lutte du peuple palestinien contre l’occupation, la spoliation des terres et la répression, pour la réalisation de son droit à l’autodétermination attendra en vain. Le parti de gauche préfère discuter d’un prétendu antisémitisme de gauche. Le parti de gauche fait une véritable inversion coupable – victime. Ce n’est pas Israël qui est la victime. Israël mène une politique coloniale et raciste à l’égard des Palestiniens, voilà la cause de la poursuite et la radicalisation du conflit.

Je parle en tant que membre du courant politique Wastun (Quefaire), issu de débats à l’intérieur du parti Die Linke notamment sur la question de la guerre. Nous avons combattu au sein de Die Linke contre l’abandon de positions antiimpérialistes de gauche. La plupart d’entre nous ont quitté le parti Die Linke, moi y compris. J’étais membre du parti Die Linke pendant 33 ans et j’étais membre de la direction du parti. Nombreux sont ceux d’entre nous qui sont entré à l’alliance Sarah Wagenknecht (BSW), d’autres combattent encore au sein de Die Linke. En tant que courant, nous continuons à travailler car nous sommes convaincus qu’il faut une force politique qui combat dans la perspective d’une alternative au-delà du capitalisme et en ce moment surtout pour construire un vaste mouvement contre la guerre. Nombreux sont ceux parmi nous à Wastun qui ont activement participé aux préparatifs de la grande manifestation du 3 octobre à Berlin. Des membres de Wastun ont participé depuis le début au Comité de liaison européen ; Nous soutenons l’alliance Sarah Wagenknecht dans sa position claire contre la guerre et dans le combat contre la guerre sociale. Dans certaines questions, nous souhaitons plus de clarté programmatique de l’alliance Sarah Wagenknecht.

Chères amies, chers amis,

Le ministre social-démocrate de la Défense, Pistorius, prédit qu’une grande guerre avec la Russie aura lieu d’ici la fin de cette décennie. Le président de la CDU demande qu’un ultimatum soit lancé à la Russie et qu’elle puisse être frappée en profoneur avec toutes les armes. Moscou devrait également être attaquée par ces armes. C’est de la folie, cela signifie une guerre nucléaire.

Avec l’alliance Sarah Wagenknecht (BSW) un parti a vu le jour qui se positionne de manière claire contre la guerre, y compris contre la guerre sociale. Les succès du BSW ont des répercussions y compris sur le SPD. La social-démocratie allemande est devenue sous le chancelier de guerre Scholz un parti ouvertement pour la guerre, mais elle est contredite par le BSW et les personnes qui ont voté pour le BSW. Les succès du BSW lors des élections régionales en Allemagne de l’Est se ressent aussi en interne au sein du SPD. Ainsi, dans le Land de Brandebourg, le SPD a dû accepter, lors des négociations de coalition avec le BSW, un passage sur la paix dans le préambule qui donne bien des maux de tête au sommet de la social-démocratie et qui provoque des cris d’orfraie parmi les élites de la bourgeoisie allemande. Les élites vouent à Sarah Wagenknecht une haine énorme qu’ils expriment dans les médias. Sahra Wagenknecht et le BSW disent : « Nous avons promis pendant la campagne électorale que nous ne participerons qu’à un gouvernement régional qui se positionne dans la question de la guerre et de la paix, une question qui touche tant de gens et qui est une question décisive pour les élections pour nombre de nos électeurs. Il en va de même pour les questions sociales comme la santé, de bonnes retraites, la défense de la liberté d’expression. Il faut dire que sous la pression du BSW, des forces orientées vers la paix se font entendre à nouveau au sein du SPD

Nous disons : Arrêt des guerres en Ukraine et en Palestine !

Cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, pas de livraisons d’armes à Israël et en Ukraine !

Fin de la politique destructrice des sanctions à l’encontre de la Russie !

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