Je suis étudiant en Histoire à l’université de Leipzig.
Il y a quatre jours, nous avons eu une assemblée générale à l’université. Plus d’un millier d’étudiants y ont participé.
Le Conseil des étudiants et d’autres personnes invitées ont raconté aux présents que l’AfD voulait réduire leurs taux de Bafög (bourses étudiantes) et qu’ils devaient s’opposer au prétendu glissement à droite de la population.
Mais les étudiants leur ont expliqué que le gouvernement avait déjà massivement réduit leurs bourses, c’est-à-dire le crédit alloué aux étudiants, dans le budget du début de l’année afin de financer la guerre.
Seul un étudiant sur dix perçoit cette bourse. Et elle ne suffit même pas pour vivre. Plus de 35% des étudiants vivent dans la pauvreté. Les apprentis sont également 18% à être dans ce cas, car leur indemnité de formation est également inférieure à tous les seuils minimaux de revenu.
C’est le gouvernement Scholz qui en porte la responsabilité dans le cadre de ses préparatifs de guerre. On n’a pas besoin de l’AfD pour cela.
C’est du milieu de l’assemblée que sont venues les revendications que les étudiants ont adoptées à une large majorité :
– un revenu de base indépendant des parents et suffisant pour vivre,
– un salaire protégé par une convention collective pour le travail et l’enseignement des étudiants et des chercheurs
– pas de service militaire obligatoire et pas de service civil,
– pas de recherche à des fins militaires
– pas de répression contre les actions politiques menées contre le génocide en Palestine, abandon des plaintes pénales requises par la direction de l’Université.
Les organisateurs n’avaient pas prévu que ces revendications d’étudiants soient adoptées à une large majorité par la foule présente.
Pourtant, les étudiants vivent dans leur chair cette réalité que le gouvernement crée en préparant la guerre, détruisant le tissu démocratique et social : à Münster, par exemple, les étudiants ont dû dormir dans des gymnases au début du semestre parce qu’ils ne trouvaient pas de logement abordable.
Les étudiants ont déjà vécu lorsqu’ils étaient élèves, ce que sont les écoles vétustes, la perte d’heures de cours et le manque d’enseignants. A l’université, ils assistent à la poursuite de la destruction de l’éducation.
Les étudiants sont utilisés comme une main-d’œuvre à bas prix, soumis à des conditions de travail précaires et entrent ainsi en concurrence avec une grande partie des travailleurs, car le secteur des bas salaires s’étend de plus en plus depuis l’introduction du salaire minimum.
Et les étudiants sont aujourd’hui également menacés par la répression politique, en particulier lorsqu’ils s’opposent au génocide de Gaza contre la politique sioniste du gouvernement de Netanyahu en Israël et dans la région.
Avec l’invasion terrestre de Netanyahu dans la bande de Gaza et l’extension du massacre du peuple palestinien, il y a eu aussi à Leipzig des manifestations massives d’étudiants contre les massacres. L’occupation pacifique d’un amphithéâtre a été évacuée par les forces de police. Les étudiants ont fait l’objet de plaintes pénales. Le campement de protestation situé à côté du campus principal de l’université a également été déplacé par la police.
Sous le manteau de la raison d’État, toute protestation émise contre le génocide du peuple palestinien est massivement réprimée, car les manifestants accusent également le gouvernement Scholz qui se rend complice du génocide en livrant des armes.
Cette accusation le frappe à juste titre !
L’indépendance et l’autonomie de l’université sont minées par le fait que la direction de l’Université devient la courroie de transmission de la politique gouvernementale et impose concrètement la raison d’État : les actions et les discussions en solidarité avec la Palestine se voient refuser des locaux et la police combat la protestation.
Mais ce n’est pas tout : l’université de Leipzig ne veut pas se doter d’une clause civile, c’est-à-dire prendre l’engagement volontaire à ne faire de la recherche qu’à des fins civiles et à exclure toute recherche militaire.
Les étudiants et le personnel de l’université présents à l’assemblée générale ont confirmé à une large majorité cette demande. Ils ont clairement exprimé :
-un NON à la guerre et un NON aux préparatifs de guerre, qui se traduisent autant dans le domaine de la recherche que par la réduction des ressources nécessaires à l’éducation, à la santé et aux moyens de subsistance, et par l’introduction du service militaire et du service civil.
Le gouvernement CSU de l’État fédéral de Bavière est allé encore plus loin et a obligé les universités à coopérer avec l’armée. En Bavière, des officiers ont été engagés dans les écoles pour recruter des jeunes. Rien que l’année dernière ce sont 10,4% des nouvelles recrues qui étaient mineures à l’échelle de l’Allemagne ; elles étaient même plus de 13% en Bavière.
Le ministre de la Guerre Pistorius veut à présent réintroduire le service militaire obligatoire dans toute l’Allemagne. Et accessoirement le travail obligatoire par le biais du service civil.
Nous, les jeunes, nous devrions servir de chair à canon ou fournir des services publics au rabais en tant que travailleur asservi.
La réintroduction du service militaire obligatoire et du service civil est un indice direct de la préparation à la guerre.
Mais partout, les jeunes sont de plus en plus nombreux à refuser que leur vie soit mise au service des objectifs guerriers des gouvernements.
Des milliers de jeunes Russes et Ukrainiens fuient le front parce qu’ils ne veulent pas mourir comme chair à canon, pour aucun oligarque. Ils méritent notre respect et notre solidarité. Il en va de même pour les jeunes d’Israël qui refusent de faire leur service militaire et sont sanctionnés par la loi martiale.
Lors de la manifestation pour la paix à laquelle 42.000 personnes ont pris part à Berlin le 03/10/24, le mot d’ordre était « à bas les armes ! » et « cessez-le-feu inconditionnel ». Le représentant de la jeunesse d’IG-Metall a résumé la situation en ces termes : « Nous ne nous tirerons pas les uns sur les autres! »
Un groupe d’action de la jeunesse contre la guerre et le démantèlement social a été créé à Leipzig. Un journal révolutionnaire de la jeunesse doit voir le jour – car nous avons besoin d’une organisation indépendante.
Avec des jeunes de Serbie, nous proposons une campagne contre le service militaire obligatoire et le service civil – chaque pays doit y apporter sa situation spécifique. Et pourtant, il y a un objectif commun derrière tout cela : nous voulons vivre et ne pas mourir comme chair à canon. Dans aucun pays du monde nous ne voulons être utilisés comme enfants-soldats, ni comme défenseurs meurtriers du massacre de Gaza, ni mourir dans une guerre de position pour des terres ukrainiennes qui appartiennent depuis longtemps à des fonds financiers internationaux.
Nous voulons un avenir maintenant – stop aux guerres et aux massacres !
Cela suffit ! Le gouvernement Scholz qui prépare la guerre et prêche la raison d’État pour couvrir le massacre du peuple palestinien, cela suffit !