Cher(e)s camarades,
Au nom de la coordination allemande du « Comité européen de liaison contre la guerre – contre la guerre sociale » (CEL), je vous souhaite la bienvenue à Berlin.
Il y a plus d’un an, le 8 juillet 2023, lors de notre conférence européenne, nous avons défini comme notre mission d’unir les forces de résistance contre les politiques bellicistes, socialement destructrices et antidémocratiques des gouvernements au niveau européen et de les renforcer ainsi dans chacun de nos pays.
Le 30 septembre, nous avons constitué dans ce but le « Comité européen de liaison contre la guerre – contre la guerre sociale ».
Aujourd’hui, dans une situation où nous sommes confrontés, outre à la guerre en Ukraine au Proche-Orient, à la guerre génocidaire de Netanyahu contre le peuple palestinien et à son extension au Liban et au-delà, on voit combien la décision de créer le CEL était juste.
Je n’ai pas l’intention de revenir ici sur l’ensemble du bilan de notre travail. Je me contenterai d’évoquer la conférence d’Oslo et la conférence des Balkans à Belgrade, qui ont eu lieu en amont de notre conférence d’aujourd’hui.
La guerre d’Ukraine, au cours de laquelle plus d’un million de soldats ukrainiens et russes ont déjà été tués ou blessés, mais plus encore la guerre génocidaire, au cours de laquelle plus de 42 000 Palestiniens, dont de nombreuses femmes et enfants, ont été tués, des villages et des villes dévastés, ont mobilisé des millions de personnes en Europe et dans le monde entier pour protester et manifester.
Cette guerre contre le peuple palestinien touche également la Cisjordanie, et débouche aujourd’hui sur une guerre contre le Liban. Sous le commandement américain, ils préparent la guerre contre l’Iran.
Le président américain Biden, continue de soutenir Netanyahu en lui fournissant des armes à hauteur de plusieurs milliards, tandis que le chancelier allemand Scholz vient de promettre de doubler les exportations d’armes vers Israël. Tous les gouvernements d’Europe portent la responsabilité du génocide en Palestine.
L’offensive ukrainienne sur le territoire russe, comme à Koursk, tout comme le projet de Biden de déployer des missiles américains de moyenne portée en Allemagne, avec une portée allant jusqu’au plus profond de la Russie, signalent que le gouvernement américain, l’OTAN, l’UE et tous les gouvernements européens misent sur l’escalade et se préparent à une grande guerre contre la Russie.
En Palestine, il s’agit du droit à l’existence et à l’autodétermination du peuple palestinien. En Ukraine, il s’agit avant tout de matières premières d’une valeur d’environ 10 billions de dollars américains, pour lesquelles on meurt.
Nous sommes unis dans notre lutte pour les revendications :
- Arrêt immédiat du massacre de la population palestinienne !
- Arrêt de toutes les livraisons d’armes à l’Ukraine comme à Israël !
- Cessez-le-feu immédiat en Palestine et en Ukraine !
- Non à toute intervention militaire des troupes de l’OTAN en Ukraine !
Et je voudrais ajouter :
- Stop aux crimes de guerre du gouvernement Netanyahu au Proche-Orient, au Moyen-Orient !
Cher(e)s camarades,
Dans tous les pays européens, nous assistons à des attaques de plus en plus massives contre les libertés démocratiques afin d’étouffer toute résistance. Les manifestations, les rassemblements, les camps d’étudiants pour la défense du peuple palestinien sont interdits ou dispersés par la force policière, le droit fondamental à la liberté d’expression et de réunion, la démocratie, sont vidés de leur substance. Ceux qui descendent dans la rue pour la paix sont diffamés comme étant ouverts à la droite ou dirigés par Poutine, ceux qui dénoncent les crimes de guerre d’Israël sont dénigrés comme étant antisémites.
Permettez-moi d’ajouter une chose. 80 % des jeunes en Allemagne craignent une guerre en Allemagne. Ils ne veulent pas être envoyés au front comme chair à canon. Ils ont raison, tout comme les centaines de milliers de jeunes d’Ukraine et de Russie qui fuient la guerre. Ils ont droit à toute notre solidarité !
Permettez-moi de prendre l’exemple de l’Allemagne pour montrer comment le gouvernement Scholz prépare la guerre :
Sur le plan militaire :
- La création d’un nouveau quartier général de l’OTAN pour l’Ukraine à Wiesbaden.
- Un centre de commandement de l’OTAN à Rostock pour la guerre maritime dans la mer Baltique a été inauguré il y a quelques jours.
- Le déploiement déjà mentionné d’armes américaines à moyenne portée en Allemagne.
Au niveau civil :
- Le système de santé est réorganisé pour être adapté à la guerre. Grâce à la transformation des hôpitaux en ambulatoires, c’est-à-dire à la réaffectation de nombreux hôpitaux, les lits sont transférables comme un hôpital de campagne. On estime à 1000 le nombre de soldats blessés chaque jour.
- À quelques kilomètres de là, l’un des centres de protection de la population les plus grands et les plus modernes d’Allemagne est en train de voir le jour. Il peut prendre en charge 5.000 personnes de manière autonome en cas de crise – on cite notamment la guerre d’Ukraine comme exemple de crise.
- Les clauses civiles qui interdisent la recherche militaire dans les universités sont supprimées, les écoles sont ouvertes comme terrain de recrutement pour l’armée allemande.
Sur le plan économique
- La construction renforcée d’une industrie de l’armement. Des milliards d’investissements faramineux sont détournés de la production civile vers la production d’armements. Des ouvriers licenciés de l’industrie automobile en faillite trouvent un nouvel emploi dans les groupes d’armement.
Pour payer les coûts de la guerre, le gouvernement déclenche une guerre sociale contre son propre peuple. Je ne veux pas répéter tous les exemples que nous avons déjà analysés à maintes reprises. Qu’il s’agisse des salaires réels, des retraites, de la sécurité sociale, des hôpitaux, des écoles ou des universités, de l’État social allemand, tous les acquis sociaux des peuples sont démantelés.
Pour ne citer que cela ici :
L’Allemagne, la puissance industrielle la plus forte d’Europe, souffre particulièrement de la guerre économique brutale que l’impérialisme américain mène contre l’Europe.
La politique de sanctions contre la Russie et la coupure des matières premières russes comme le gaz ont gravement nui à l’économie allemande. Les coûts élevés de l’énergie entraînent une fuite de l’industrie hors d’Allemagne.
Pour la première fois depuis plus de 80 ans, VW veut fermer trois usines. 250.000 à 300.000 emplois sont menacés dans l’industrie métallurgique et électrique allemande.
Mais la résistance s’accroît. L’Allemagne connaît les plus grandes vagues de grèves pour la défense des salaires réels, le nombre de jours de grève dans le seul secteur de ver.di a quadruplé. Les nombreuses fermetures d’entreprises et les suppressions d’emplois vont – comme cela s’annonce maintenant chez VW – provoquer de nouvelles luttes.
Lors de la manifestation du 3 octobre à Berlin, de nombreux syndicalistes ont manifesté, en conflit avec une direction syndicale qui soutient la politique de guerre du gouvernement et qui nie tout lien entre la guerre et les attaques contre les acquis sociaux. Ces expériences existent certainement dans d’autres pays ….
Vous allez en témoigner.
Chers camarades,
La résistance s’est également exprimée lors des élections. Le BSW, le parti autour de Sahra Wagenknecht, s’oppose systématiquement aux livraisons d’armes à l’Ukraine et à Israël, et s’est mobilisé dès le début contre la politique de guerre du gouvernement.
Au Bundestag, ce parti est la seule force politique qui donne une voix au „non“ de la majorité de la société aux guerres et au génocide en Palestine.
Alors que le gouvernement Scholz est rejeté par plus de 80 % de la population, le BSW a obtenu des succès historiques lors des trois dernières élections régionales. Derrière ces évolutions se trouve le „non“ de larges couches de la population contre la guerre, contre la guerre sociale.
Plusieurs autres pays connaissent des évolutions similaires. Les camarades nous en parleront certainement.
Chers camarades,
Aujourd’hui, nous sommes réunis ici, camarades d’Allemagne, de France, d’Espagne, du Portugal, de Suède, de Norvège, de Pologne, de Grèce, de Serbie, de Roumanie, de Croatie et de Macédoine.
Nous sommes tous actifs sur le plan syndical, organisés politiquement de différentes manières et avons des traditions différentes. Nous sommes certainement en désaccord sur certaines questions.
J’ai également appris qu’il existe des mouvements identiques dans les différents pays, mais que les situations sont également très différentes. Ainsi, en Norvège, où aucun des partis établis ne s’oppose à la livraison d’armes à l’Ukraine, nos camarades sont en train de mettre sur pied un nouveau parti anti-guerre.
Nous avons des développements similaires en Serbie et en Suède.
Mais le premier bilan du CEL montre que nous pouvons, dans le respect mutuel de nos expériences et opinions respectives, laisser les différences continuer à faire l’objet de discussions.
La paix entre les peuples, c’est la préoccupation centrale du mouvement ouvrier. Sans vouloir comparer, je voudrais rappeler un événement historique qui a marqué l’histoire du mouvement ouvrier.
Il y a 160 ans, la Première Internationale ouvrière a été fondée, avec la participation déterminante de Karl Marx et de Friedrich Engels. Lors de l’assemblée internationale des travailleurs qui s’est tenue à St Martin’s Hall le 28 septembre 1864, il y a donc 160 ans, les représentants des travailleurs anglais ont écrit dans leur adresse : « Discutons des grandes questions dont dépend la paix des nations ».
Sans comparer notre assemblée à cet événement historique, je dirais aujourd’hui : agissons pour cela aujourd’hui. « Ce n’est pas seulement quand la guerre tue 1000 soldats par jour, quand les libertés sont supprimées par la censure et la loi martiale, que l’on peut combattre la guerre, mais avant, quand on peut encore s’organiser et manifester. CETTE FOIS, IL FAUT LES ARRÊTER AVANT » !